samedi 2 février 2008

2ème arrestation

Juillet 1944.

Transféré de la prison de Riom à une annexe de la gestapo à Chamalières, où des médecins Allemands nous ont fait passer une visite medicale pour déterminer si nous étions aptes à travailler en Allemagne.

Arrivée à Chamalières, dans des bâtiments disposés autour d'une grande cour, nos gardiens, "gardes mobiles", nous ont laissés sous protection de "sbires" Français, en civil à la marche nonchalante qui arrivaient en tractions avant, la mitraillette démontés dan les poches du pantalon. Ils étaient venus sans attirer l'attention des passants, maintenant qu'ils étaient loin des curieux, ils exhibaient leurs armes ouvertement.
Ensuite, sous bonne protection nous avons passé la visite médicale. Les gars d'un certain âge ont été déclarés inaptes et renvoyés dans leur foyer, en résidence surveillée. Les autres bons pour partir en Allemagne, j'étais de ceux-là!
Sitôt la visite médicale terminée, mes camarades inaptes à cause de leur âge, sont renvoyés chez eux. Je ne sais d'ailleur comment nous sommes partis, sous bonne escorte pour Clermont place Delille, dans un immeuble tous volets fermés. Nous sommes gardés par des civils "Français", le révolver à la ceinture comme les cow-boys. Nous couchions par terre, à même le parquet, gardés jour et nuit par des sbires. Cela nous semblait bon malgrè tout, par rapport au régime de Riom. Pour les repas, deux ou trois détenus étaient désignés à tour de rôle, encadrés de deux gardiens armés, mais armes non apparentes, pour aller chercher les repas dans un restaurant voisin. Quelle différence avec la prison ! Nous étions vraiment dans une prison dorée, mais la liberté nous manquait, ainsi que notre famille, et tous ceux qui nous étaient chers.
Dans l'aprés-midi du jour où nous sommes arrivés dans notre nouveau lieu de détention, les mêmes gendarmes Français qui nous avaient arreté mon copain et moi, sont venus chercher un de autre de nos camarades. Il s'appelait (ou avait comme nom de guerre) "Castex" ou "Castel". Ils l'ont fait monter dans une camionette, ont armé leurs fusils. Cela ressemblait à un peloton d'éxécution. L'ont-ils emmené à Riom, L'ont-ils éxécuté quelque part à la caserne du 92 RI à Aulnat, ou l'ont-ils libéré ? Nous ne savons pas, car ils ont pris la direction de ces endroits cités plus haut, dans cette période, tout était possible ! On espèrait toujours une libération par des maquisarts déguisés en gendarmes, comme on l'avait espéré pour Jean Zay, lorsque la milice est venue le chercher à Riom.
Après la libération, de nombreux charniers avaient été découverts à la caserne du 92 RI, ainsi qu'à Aulnat et à divers endroits, où avaient séjourné d'ailleurs, les forces de répressions Françaises et Allemandes.
Je sais maintenant que le fameux immeuble était situé au N° 4 de la Place Delille. C'était le siège (ou une annexe du moins) du fameux Bureau de placement Allemand (BPA).
Deux ou trois jours après notre arrivée, nous avons été conduits au rez-de-chaussée dans une grande salle qui faisait office de bureau, on nous a fait signer un papier, et on nous a demandé l'adresse de nos familles, en nous disant qu'on la préviendrait de notre départ en Allemagne. Ce doit être ce télégramme envoyé à ma mère , qui a motivé son déplacement à Clermont, et par la suite cette affreuse tragédie. Les Allemands étant très rusés, ils ont du mentir et dire que nous étions volontaires pour l'Allemagne. Je regrette sincèrement (et j'en ai encore aujourd'hui les remords) comme la plupart de mes camarades, d'avoir donné l'adresse de ma famille, mais j'ignorais tout ce qui s'était passé depuis mon arestation.



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